La laïcité by Philippe Raynaud

La laïcité by Philippe Raynaud

Auteur:Philippe Raynaud
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2019-06-15T00:00:00+00:00


La question scolaire sous la Ve République,

de la loi Debré au projet Savary

L’avènement de la Ve République va évidemment changer la donne, en mettant fin au règne de la « troisième force » et à la succession de coalitions instables dominées par la SFIO et le MRP et en replaçant la question scolaire et laïque dans le cadre d’une politique réformatrice qui touche tous les aspects de la société et de l’État. Le général de Gaulle, qui vient d’un milieu catholique certes « social » mais conservateur, et dont le père avait fondé et dirigé un établissement privé d’enseignement secondaire, est évidemment étranger à la version militante de l’idée républicaine et laïque. Il a au contraire d’excellentes raisons de soutenir les évolutions commencées sous Vichy et continuées sous la IVe République grâce au MRP, constamment suivi sur ce point par les « gaullistes » du RPF. Mais il a cependant une manière à lui d’être « laïque », qui n’est ni celle des républicains de 1900 ni celle des démocrates-chrétiens du MRP. Dans la vision constante de De Gaulle, l’idée dominante est que, si la France est historiquement une nation chrétienne, l’État est « laïque » parce que la « laïcité » est devenue, après la ruine de l’Ancien Régime et de la monarchie chrétienne, un des moyens de surmonter les divisions de la communauté nationale tout en affirmant la souveraineté et la majesté de l’État. Cette vision exclut, au moins à moyen terme, une politique de concordat qui ferait dépendre la politique française d’un État étranger, le Vatican, et dans laquelle l’État céderait sans doute beaucoup plus qu’il ne gagnerait.

Les projets néoconcordataires sont du reste liés, chez les démocrates-chrétiens du MRP, à une vision « européenne » peu favorable au projet de restauration de la souveraineté qui sous-tend la fondation de la nouvelle République. Mais rien n’interdit en revanche de proposer, pour la solution de la question scolaire, un dispositif nouveau dans lequel la particularité catholique sera d’une certaine manière reconnue et même valorisée sans que l’État républicain abandonne rien d’essentiel. La République va pouvoir aider largement l’enseignement catholique tout en respectant son « caractère propre » mais elle va l’intégrer dans un cadre hiérarchique dominé par un État qui reste indépendant de toute Église, qui laisse en dehors de lui l’éducation proprement religieuse, et qui n’est donc pas plus lié par la foi catholique que par celle de tout autre « culte » qui voudrait en bénéficier. Ce cadre est créé par la loi Debré du 31 décembre 1959 et, aujourd’hui encore, il reste pour l’essentiel en vigueur dans l’actuel « code de l’Éducation ». Cette loi crée deux types de « contrats » entre l’État et les écoles privées, qui permettent tous deux de les faire bénéficier de fonds publics pour la rémunération de leurs enseignants12, mais qui les soumettent en contrepartie à différents dispositifs de contrôle administratif financier et pédagogique. Le « caractère propre » des établissements privés permet d’intégrer la vie religieuse et le culte



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